Les moments de crise comme ceux que nous vivons actuellement peuvent contribuer à ébranler la confiance générale dans les institutions. Certains pays ont vu leurs populations contester l’ordre politique et social établi, tandis que d’autres ont vu tout particulièrement les banques être la cible de spéculation quant à leur effondrement.
Les épargnants comme les actionnaires sont naturellement inquiets que les banques, qui sont au circuit économique et monétaire ce que le cœur est à l’être humain, c’est-à-dire une pompe qui fait circuler les capitaux pour irriguer le tissu économique, ne soient victimes de l’arrêt de l’activité économique. Aujourd’hui dans cet article, nous vous offrons une perspective sur cette question, vous présentant un panorama macro-économique et financier de la question mais aussi des solutions pour désinvestir votre argent du système bancaire conventionnel et le placer en sécurité.
Quels sont les risques principaux auxquels votre argent est exposé en banque ?
Pour avoir une vision objective de la situation actuelle, il faut commencer par identifier de façon réaliste et calme les risques à la fois structurels et conjoncturels qui menacent le secteur bancaire. Beaucoup tentent aujourd’hui de semer une panique injustifiée afin de vendre des solutions clé en main qui ne servent à rien ou à simplement illustrer leurs théories paranoïaques.
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Des risques conjoncturels
Le secteur bancaire est actuellement exposé à plusieurs menaces qui, globalement, ne risqueront pas de faire sombrer toute l’industrie et vos économies avec. Ces risques résident principalement dans le fait que l’activité économique se soit récemment arrêtée à cause de la crise de coronavirus qui a imposé confinement et gel des activités productives non-essentielles. Ceci provoqua chômage de masse (plus de 40 millions de chômeurs en moins de 6 semaines aux USA) et faillite de nombreuses petites entreprises.
Cela contribua également à l’arrêt des investissements productifs (une composante fondamentale de la demande globale et qui s’appuie beaucoup sur l’écosystème financier) et le report de la consommation discrétionnaire des ménages (investissements immobiliers, biens de consommation plus sophistiqués : voitures, appareils électroniques, vacances, divertissement, etc.).
Tout ceci s’est traduit en termes concrets par une détérioration du bilan des banques commerciales, qui ont vu la proportion des prêts non performants augmenter au-delà des prédictions. Les prêts non performants sont techniquement les prêts qui ont peu de chance d’être remboursés, car ayant subi un impayé de plus de 90 jours.
Bien que tous les prêts non performants ne finissent pas en faillite et en perte sèche pour les banques, la détérioration du bilan contribue directement à dégrader la capacité des banques à pouvoir emprunter et à négocier les taux d’intérêt. En effet, les créditeurs des banques sont attentifs à ce ratio et pourront augmenter les taux d’intérêt comme compensation aux potentiels risques.
Le second risque serait celui du bank run, qui peut se manifester si le public perd confiance dans la capacité du système bancaire à restituer l’épargne privée. Un bank run consiste en des prélèvements massifs par une partie de la population car craignant soit une hausse de l’inflation qui dévaluerait l’épargne, soit une faillite de l’institution bancaire qui ne pourrait plus garantir les dépôts des épargnants.
Les bank runs sont des phénomènes relativement marginaux, bien qu’ils aient eu lieu à assez grande échelle en Europe au début des années 2010. Dans les pays les plus fragiles économiquement, notamment la Grèce, Chypre ou l’Italie, certaines banques ont vu des milliards d’euros réclamés en quelques jours. La nature même du business model des banques empêche ces dernières de pouvoir liquider leurs prêts et investissements afin de restituer les dépôts immédiatement.
Il faut comprendre que votre épargne constitue la matière première des banques, qu’elles prêtent ensuite aux entreprises à un taux plus élevé ou la placent sur les marchés financiers. Ce sont donc des placements peu liquides.
Il ne faut généralement pas s’inquiéter de bank runs à grande échelle. En effet, dans les cas que nous avons cité, les états et les institutions financières sont intervenus afin d’imposer des seuils de prélèvements. Bien qu’il y ait eu des émeutes en marge, les états et les institutions bancaires ont pu s’en sortir et renouer avec une certaine stabilité bancaire et financière.
Des risques structurels
Il existe ensuite deux risques structurels qui peuvent menacer la stabilité financière et à terme vos économies. Les banques sont actuellement toujours sous-capitalisées et ont contracté des dettes excessives pendant cette décennie afin de nourrir les marchés financiers et l’expansion économique de secteurs entiers comme l’e-commerce ou la tech. En cas de resserrement des flux de revenus pour les banques, elles pourraient devenir insolvables et risquer la faillite.
Ce qui fait référence au second risque systémique, qui est l’absence de garantie absolue que les états ou les institutions financières les sauvent en cas de faillite. En 2008, si certaines banques furent repêchées par les états car considérées comme « too big to fail », il n’est pas sûr que le scénario se reproduise de la même façon en 2020.
Un secteur qui reste malgré tout solide
Malgré les risques que nous avons identifiés, le système bancaire repose néanmoins sur des fondamentaux solides. Premièrement, les banques ont pu se consolider après la crise de 2008 qui a vu les acteurs les plus négligents éliminés puis rachetés par les survivants. Ensuite, la décennie 2010 fut caractérisée par des taux d’intérêt presque nuls voire négatifs qui ont permis aux banques d’accumuler des milliards de dollars en cash, réduisant ainsi leurs leviers financiers.
De plus, les régulations post-2008 ont généralisé les assurances sur les dépôts, isolé les banques de dépôt des banques d’investissement (Dodd-Frank Act de 2008), rendus les bank runs maîtrisables et ont imposé des obligations de capitalisation plus rigoureuses (accords de Bâle III). Enfin, les banques sont mieux positionnées qu’en 2008 pour affronter un choc systémique car elles ont assaini leurs bilans ainsi que leurs portfolios, puisqu’elles ne seront plus couvertes par les états si elles s’engagent dans des activités spéculatives aux risques bien identifiés.
Quelles alternatives à la banque ?
Si malgré notre exposé vous n’êtes toujours pas rassuré et que vous désirez isoler votre épargne d’un système qui, malgré tout peut sombrer dans l’imprévisible, il existe des alternatives solides au système bancaire conventionnelles.
Les néo-banques (Revolut)
Les néo-banques se distinguent des banques traditionnelles dans le fait qu’elles n’adhèrent pas au système de réserves fractionnelles qui fonde le système bancaire tel qu’on le connait. Ce principe implique que les banques commerciales déposent une part de leurs dépôts auprès de la banque centrale, créant ainsi un marché des capitaux interbancaire, organisé par la banque centrale. Ce système justifie les opérations de levier et impose des règles de capitalisation minimale. Les néo-banques, puisqu’elles s’organisent sur Internet, n’ont pas à adhérer à ce système.
Revolut est aujourd’hui la néo-banque qui a poussé le concept le plus loin, en articulant flexibilité bancaire, stabilité, garanties réelles (jusqu’à 250 000$) et fintech. La plateforme Revolut vous permet non seulement de gérer votre épargne dans les moindres détails mais également d’investir dans les devises étrangères en quelques secondes.
Vous avez la possibilité de convertir pour quelques points de pourcentage vos avoirs en une trentaine de devises, vous permettant ainsi de diversifier votre épargne et limiter votre exposition à un risque monétaire particulier. Enfin, Revolut vous permet de retirer de l’argent des distributeurs partenaires gratuitement et d’envoyer/recevoir des fonds à des prix bien plus avantageux que les concurrents.
Veracash
Veracash est une plateforme 100% français lancée en 2014 et élue « Pépite génération French Tech » en 2018 par la branche innovation et startup de la SNCF. Il s’agit d’une plateforme qui vous permet de convertir vos avoirs monétaires en métaux précieux, avec une carte Veracash à la clé.
La monnaie que Veracash introduit est la Vera Valor, qui sur une carte Mastercard vous permet d’effectuer des transactions classiques en payant en or (après conversion vers l’euro). La vraie valeur ajoutée de Veracash est qu’elle vous permet de bénéficier des avantages des deux mondes, vous pouvez à la fois stocker votre argent sous forme d’or mais aussi vous en servir pour échanger sans contrainte. Veracash vous propose une gamme fournie de produits aurifères dans lesquels investir (lingots, pièces, joaillerie etc.), vous donnant ainsi une flexibilité sans commune mesure avec les investissements classiques en métaux précieux.
Enfin, Veracash vous donne la possibilité de configurer votre approche d’investissement sans contrainte. La plateforme n’impose pas de montant minimum et vous pouvez opter pour l’achat de quelques grammes d’or afin de commencer. Ce qui signifie que vous pouvez appliquer tout l’éventail des techniques d’investissement que nous avons présenté dans notre mini-série sur les investissements en bourse (typiquement le DCA).
Les métaux précieux
Les métaux précieux ont toujours constitué des garanties contre l’incertitude économique et monétaire car ils ont une valeur intrinsèque. Cette dernière n’est que marginalement déterminée par leur utilité réelle dans l’économie, car l’or ou l’argent ne doivent pas réellement leur valeur respective à leur utilisation. En effet, c’est plus la rareté couplée à une stabilité de l’offre qui fait l’attrait des métaux précieux. De plus, l’or et l’argent ont toujours eu une fonction de conservation de la valeur et ont toujours servi d’étalon ou de référentiel, et ce jusqu’à la fin de l’étalon-or en 1973.
L’or est toujours un essentiel aux finances publiques puisque les banques centrales conservent des réserves d’or afin de fournir des garanties tangibles aux créditeurs. Enfin, les métaux précieux sont des valeurs refuges à la fois contre l’inflation et la déflation, qui sont toutes deux des menaces pour les épargnants (l’inflation dévalue en termes réels votre épargne nominale – la déflation se traduit par des taux d’intérêt négatifs : vous allez devoir payer pour déposer votre argent en banque).
Du cash chez soi
Vous pouvez enfin envisager de sortir vos liquidités du système monétaire et stocker des sommes en cash chez vous. Cette approche peut sembler assez radicale car elle traduit un manque de confiance total dans les différentes institutions et approches de valorisation et de protection de l’épargne. Cependant elle peut s’avérer décisive si vous vivez dans un environnement économique vraiment instable où tous les acteurs économiques sont exposés à des risques systémiques. Il faut avoir à l’esprit que garder de l’argent chez soi implique de prendre des mesures de sécurité réelles.
D’autres placements alternatifs
1- Crypto monnaies
Vous pouvez envisager de placer une partie de votre épargne dans les investissements crypto. Comme nous l’avons détaillé dans de précédents articles, le marché des cryptos connaît actuellement un dynamisme à la fois ponctuel (dû à la crise et au fait que les crypto monnaies puissent constituer une valeur refuge) mais également sur le long terme.
La crise actuelle a remis en cause pleins d’a prioris et peut offrir une véritable opportunité à la technologie blockchain et à l’écosystème crypto pour intégrer l’économie réelle et se voir généralisée. Enfin, les crypto monnaies ont subi de lourdes corrections depuis la bulle spéculative de 2017. Vous pouvez donc les acheter à des prix relativement bas et parier sans risque sur une hausse des cours.
2- Bons du trésor de pays aux finances stables
Si vous pouvez acquérir des bons du trésor US ou si la Commission Européenne décide de lancer les Eurobonds, il serait opportun d’y placer une partie de vos économies.
3- Immobilier
Ce marché constitue une valeur refuge assez sûre si vous avez accès à des marchés qui sont stables et qui ne sont pas touchés par une offre trop abondante de logements ou un tissu de prêts immobiliers fragiles. Les marchés de l’immobilier en Europe sont généralement stables (à certaines exceptions, notamment l’Espagne), et placer une partie de vos économies dans l’immobilier français, allemand ou italien peut s’avérer intéressant.
4- Investir dans un vrai business « ever green »
Si vous avez l’opportunité d’acquérir des parts dans une PME ou un petit commerce qui ne sera pas touché de façon critique par la crise, saisissez là. Vous contribuerez non seulement à la stabilité du business en question mais en plus vous verrez votre participation s’apprécier sur le long terme et elle sera rémunérée en proportion de votre participation.
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